vendredi 23 mars 2007

Un séminaire rue d'Ulm le 28 mars

PROCHAINE SÉANCE du séminaire de recherche "De la figure à la fiction"
Mercredi 28 mars,16-18h, ENS, 45 rue d'Ulm, salle Beckett
Irène Langlet (Rennes II): La science-fiction, fictions et figures

Présentation : « De la figure à la fiction »
Séminaire de recherche commun du GDR « Fiction » (EHESS, ENS, Paris I, Paris VII, sous la direction de Jean-Marie Schaeffer). Responsables du séminaire : Michel Murat (Paris IV-ENS), Marielle Macé (CNRS-EHESS).

Le séminaire emprunte son titre à une étude récente de Gérard Genette, qui propose de comprendre la figure comme une fiction en germe ou en miniature, et la fiction comme le développement d'une figure prise à la lettre.
Ce rapprochement permet en premier lieu d'aborder sous un angle original des questions relatives à la représentation en littérature. Il invite à comparer deux opérations mimétiques conçues comme deux types de modélisation, et donc à réexaminer les théories centrées sur les notions de modèle, d'analogie et de ressemblance ; il ouvre des vues nouvelles sur le dédoublement de la poétique et de la rhétorique chez Aristote, ou sur les sémantiques du récit et de la métaphore chez Ricour.
Introduisant d'autre part une gradualité dans la fiction, il pose la question de la mimèsis en termes de consistance et de quantité : les figures d'analogie travaillent non seulement avec des objets mais avec des situations, des états de choses, des scénarios impliqués dans des schémas actantiels. Se demander dans quels cas une métaphore produit une histoire, ou comment on passe d'une figure par substitution à un véritable « milieu de fiction », c'est se donner les moyens de surmonter le clivage supposé entre poésie et récit, et de relire une grande partie de la poésie moderne, de Mallarmé au surréalisme.
La fiction romanesque est aussi concernée : le réinvestissement de l'exemple et du cas rhétorique, le rôle de la métamorphose dans la fable, la variation du rapport entre allégorie et fiction de la Renaissance à l'âge classique ; la miniaturisation du romanesque, le refuge ou le reflux de la fiction dans la diction, pour la littérature contemporaine, suffisent à montrer que le rapport fiction/figure fournit un cadre à l'histoire du roman.
On s'intéressera enfin aux modes implicites de validation du discours scientifique. La rhétorique du savoir superpose souvent procédés figuraux et invention de scénarios ou passage à la fiction ; la qualification « littéraire » peut servir d'argument à une disqualification cognitive. Des opérations mimétiques telles que les métaphores à usage semi-conceptuel, les comparaisons transformées en hypothèses, les « univers de diction », doivent être abordées, sans préjugés, dans leurs enjeux épistémologiques.

Anne Besson

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